Le plaisir de manger selon l’ayurvéda

Alimentation Saine selon L'Ayurveda

Au-delà de se nourrir, L’Ayurveda nous invite à découvrir « l’art de se nourrir »

Bienvenue dans le monde merveilleux de l’alimentation ayurvédique.

Cette ancienne tradition holistique élève l’alimentation à un autre niveau que celui que nous connaissons généralement.

En effet, l’Ayurveda attache de l’importance à :

  • ce que nous mangeons
  • comment nous mangeons
  • pourquoi nous mangeons

L’alimentation selon l’Ayurveda repose sur 3 piliers :

1- LE PLAISIR DE MANGER

Pour l’Ayurveda l’acte de manger ne se résume pas à remplir l’estomac et donner au corps les nutriments dont il a besoin.

La satisfaction des sens joue un rôle fondamental dans l’équilibre général de notre santé :

  • apprécier les saveurs en bouche
  • la sensation offerte par les textures, les arômes
  • manger un environnement calme sans stress

Manger et boire doivent être un moment de plaisir comme le recommande Charaka, l’auteur du plus ancien texte ayurvédique le Charaka Samhita

2- UNE ALIMENTATION SUR MESURE

L’Ayurveda nous enseigne que nous sommes unique et que notre alimentation doit l’être aussi. Il s’agit de se nourrir en accord avec notre constitution de naissance notre Prakriti et les éventuels déséquilibres qui surviennent au cours de la vie.

3- UNE NOURRITURE ÉQUILIBRÉE ET NUTRITIVE

l’Ayurveda et la nutrition moderne s’accordent à dire que les aliments constituent les éléments de base de nos cellules, de nos tissus et de nos organes.

Il nous faut donc aussi de choisir des aliments qui nous permettent de rester en bonne santé, de nous sentir heureux et satisfaits et cela, repas après repas.

Pourquoi le plaisir de manger est-il si important selon l’Ayurveda ?

Lorsque nous mangeons, nous vivons une expérience sensorielle riche et se nourrir dans cette conscience du plaisir favorise une meilleure digestion ainsi qu’une meilleure absorption des nutriments. Le plaisir est ici multi-sensoriel : le craquement d’un feu de bois sous une casserole, le toucher velouté d’une pêche mûre, le goût riche et terrestre des légumes racines, l’odeur réconfortante du pain chaud et frais, et la vue apaisante d’une table bien dressée. Toutes ces sensations contribuent à notre plaisir de manger.

Le lien entre plaisir et nutrition est profondément ancré dans la culture védique. Elle décrit quatre objectifs de vie légitimes importants dans l’expérience humaine. Le 1er : kama concerne aussi l’alimentation.

KAMA : LE PLAISIR en sanskrit

L’Ayurveda décrit Kama comme un plaisir durable qui contribue au bien-être général de l’individu. Le Kama, dans son essence, représente la recherche du plaisir et constitue une force motrice fondamentale dans nos vies. Son importance se manifeste dans l’instinct humain de base qui consiste à chercher à se nourrir immédiatement après la naissance. Ce comportement instinctif témoigne du rôle fondamental que la recherche du plaisir, notamment sous forme de nourriture, joue tout au long de notre vie.

Les expériences sensorielles primaires nous enrichissent dès la naissance. L’acte de naissance lui-même implique un remplissage, associé au plaisir, à la nutrition, au contentement, au confort et au bien-être général. Cela suggère que nous naissons avec une capacité innée pour le plaisir. Il doit y avoir en nous un principe inhérent centré sur le plaisir, car l’acte d’allaiter et de respirer devrait intrinsèquement provoquer un sentiment de plaisir.

Le lien entre les 5 sens Primaires et les 5 éléments

Selon l’Ayurveda, l’expérience sensorielle de manger est liée aux 5 sens primaires qui interagissent avec les 5 éléments fondamentaux : les Pancha Mahabutas.

LES PANCHA MAHABUTAS : les 5 éléments en sanskrit

Les 5 éléments selon l’Ayurveda sont associés à un sens spécifique :

  1. Akasha (l’éther) : le son
  2. Vayu (l’air) : le toucher
  3. Agni (le feu) : la vue
  4. Jala (l’eau) : le goût
  5. Prithivi (la terre) : l’odeur

Comment transformer l’acte de manger en un rituel qui nourrit tous les sens ?

L’Ayurveda nous encourage à l’art de se nourrir c’est à dire à un rituel sensoriel complet.

Cela nécessite de prendre le temps de savourer chaque bouchée et de profiter des plaisirs offerts par chacun des aliments.

Voici quelques exemples :

  • l’aspect rafraîchissant (froid) d’une salade croquante
  • le caractère réchauffant (chaud) d’une soupe épicée
  • la légèreté (sèche) d’une galette de riz croustillante
  • l’onctuosité (gras) d’une purée de pommes de terre crémeuse
  • la texture lisse d’un yaourt à la vanille
  • la rugosité d’une tranche de pain de seigle grillée

Toutes ces qualités sensorielles forment une « aire de jeux de plaisir » en bouche, enrichissant notre expérience à table.

L’Ayurveda ajoute que l’ambiance, la présentation des aliments, la compagnie que vous partagez – tous ces facteurs jouent un rôle important dans l’amélioration de l’expérience globale du repas.

L’idée est d’aligner tous vos sens sur l’acte de manger et d’en tirer le maximum de plaisir !

L’influence de la faim sur l’expérience sensorielle de l’alimentation

Pour améliorer votre propre expérience, essayez de vous souvenir d’un moment où vous avez ressenti dans une faim intense: après une activité physique ou même une brève période de jeûne intentionnel.

Vous avez alors peut-être remarqué que votre perception de la nourriture s’était améliorée. Les saveurs deviennent plus fortes, plus vibrantes, et la nourriture elle-même devient plus satisfaisante et plus nourrissante. Cette expérience sensorielle augmentée ne se limite pas au goût, mais s’étend aussi à la texture et à l’arôme de la nourriture.

L’acte de manger ou de boire se transforme alors un réel plaisir : votre corps et vos sens sont « rassasiés » et une sensation de plénitude envahit le corps.

Cela apporte non seulement un élément de pleine conscience à l’acte de manger, mais cela permet aussi de mieux comprendre le lien entre nos états physiques et la façon dont nous percevons et apprécions notre nourriture.

Les conséquences sur la santé d’une nourriture sans plaisir

Si nous négligeons la sensation de plaisir pour nous nourrir, nous risquons de manquer des nutriments dont nous avons besoin pour notre bien-être :

  • manque d’énergie
  • problème de concentration
  • humeur variable

Si la carence de plaisir alimentaire perdure, la carence de nutriment s’aggrave et notre corps ne peut plus fonctionner normalement. Des carences cliniques apparaissent qui peuvent se transformer en malnutrition avec des effets durables sur notre santé.

L’homme moderne perd l’art de se nourrir

Ou les conséquences de manger vite et en étant distrait !

Dans l’agitation de la société contemporaine, nous nous retrouvons souvent dans une course constante contre le temps qui impacte notre nutrition. Ce rythme effréné peut conduire à des habitudes alimentaires malsaines. Le stress et la pression liés au fait de jongler avec diverses tâches peuvent nous amener à consommer de la nourriture à un rythme alarmant. Il ne s’agit pas seulement d’une activité solitaire ; nous pouvons nous retrouver à manger en nous déplaçant, en regardant la télévision ou même en travaillant sur notre ordinateur portable. C’est un phénomène qui mérite notre attention car il a des implications considérables sur notre santé et notre bien-être en général.

Le repas est l’occasion de créer des souvenirs, de tisser des liens et de célébrer la tradition. Voici mon expérience personnelle avec ma famille et mes amis basés au Royaume-Uni. Ils ont pris l’habitude de plaisanter sur le fait qu’à chaque fois qu’ils viennent nous rendre visite, nos dîners avec les voisins locaux donnent invariablement lieu à des discussions approfondies sur le repas que nous sommes en train de déguster. Cette observation humoristique souligne le rôle central que jouent la nourriture et l’alimentation dans nos interactions sociales et nos pratiques culturelles.

Redécouvrir la joie perdue de manger et de boire

Dans mon travail, je rencontre souvent des gens qui ont perdu le plaisir de manger et de boire. Il s’agit pourtant de l’un des plaisirs les plus simples et les plus merveilleux de la vie. Ce problème est compliqué car chaque personne a une histoire unique.

J’ai remarqué un point commun chez ces personnes commun. Ils oublient souvent de prêter réellement attention à l’acte de se nourrir.

Trop occupés, nous considérons souvent manger et boire comme des corvées à cocher sur la liste, plutôt que comme des expériences à savourer. Nous engloutissons nos repas en goûtant à peine les saveurs, et nous buvons sans vraiment apprécier le goût.

Prolonger les bienfaits du repas est bon pour la santé

Manger et de boire peut ne durer que quelques minutes à une heure pour un repas principal, mais le plaisir qui en découle doit persister jusqu’au repas suivant.

Comme les aliments et les boissons se transforment après leur ingestion, chaque étape de la transformation révèle différents aspects de notre nature. C’est toute la subtilité de l’Ayurveda.

Le plaisir que nous en ressentons signifie aussi que notre corps extrait efficacement l’énergie nécessaire des aliments que nous avons consommés. C’est un élément essentiel du maintien de notre vitalité et de notre bien-être général.

Nourrir notre corps profond : les dhatus

Dans l’Ayurveda, les Dhatus sont les sept éléments ou tissus fondamentaux qui constituent notre corps. Chaque Dhatu est nourri par les nutriments que nous obtenons de la nourriture. Lorsque ces Dhatus sont bien nourris, ils produisent leurs propres formes de plaisir et signaux de bien-être.

LES 7 DHATUS

  • Rasa Dhatu : le plasma. Lorsqu’il est bien nourri, il procure un teint clair et une sensation de fraîcheur. Il crée un sentiment de satisfaction.
  • Rakta Dhatu : le sang. Lorsqu’il est nourri, il fournit de l’énergie et de la vitalité. Il crée un sentiment de force et de confiance.
  • Mamsa Dhatu : le tissu musculaire. Bien nourri, il contribue à la force physique et à la stabilité. Il crée un sentiment de sécurité et de confiance physique.
  • Meda Dhatu : le tissu adipeux. Bien nourri, il assure l’isolation du corps, la lubrification et les réserves d’énergie. Il crée un sentiment de contentement et de satisfaction.
  • Asthi Dhatu : les os et le cartilage. Bien nourri, il fournit la structure, la force et la stabilité. Il crée un sentiment de soutien et d’enracinement.
  • Majja Dhatu : la moêlle osseuse et les nerfs. Bien nourri, il procure une bonne mémoire, des nerfs calmes et de la clarté d’esprit. Il crée les sentiments de tranquillité et de paix.
  • Shukra Dhatu : les tissus reproducteurs. Bien nourris, ils assurent non seulement un système reproducteur sain, mais contribue également à la vitalité et à la vigueur générales. Ils créent des sentiments de rajeunissement et de vitalité.

Il ne s’agit là que d’exemples, et les expériences réelles peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Cependant, l’idée centrale reste que l’alimentation de chaque Dhatu procure une forme unique de plaisir physiologique et contribue au bien-être général.

Le plaisir commence bien avant l’assiette

Dans la pratique ancestrale de l’Ayurveda, le principe de plaisir de l’alimentation commence avant même que nous prenions la première bouchée de notre nourriture. La préparation d’un repas est déjà un processus thérapeutique. Il procure des plaisirs sensoriels tels que les odeurs alléchantes et les textures tactiles des ingrédients.

L’Ayurveda nous invite à cultiver une atmosphère émotionnelle et spirituelle autour de l’acte de se nourrir. L’ensemble du processus de la préparation à la consommation doit être empreint de joie, de paix et de gratitude.

Le concept de Sattva : la pureté, l’équilibre, l’harmonie

En approfondissant la philosophie de l’Ayurveda, nous découvrons le concept de « Sattva ». Sattva fait référence à la pureté, à l’harmonie et à l’équilibre. L’application du concept de Sattva à notre approche de l’alimentation implique la création d’un régime équilibré qui non seulement satisfait nos papilles gustatives, mais nourrit également notre corps et notre esprit.

La connaissance de la nutrition ayurvédique n’est pas entourée de secret ou obscurcie par un symbolisme mystique. Au contraire, il s’agit d’une forme de sagesse pratique et accessible, enracinée dans les anciens textes védiques. C’est un savoir qui est à la disposition de tous ceux qui sont prêts à prêter attention, à apprendre et à appliquer ces principes dans leur vie quotidienne.

En outre, les textes ayurvédiques soulignent l’importance du « Prana » :

PRANA : la force vitale ou l’énergie vitale, que nous recevons de la nourriture que nous      mangeons, mais aussi de l’air que nous respirons et de l’environnement dans lequel nous vivons.

Ainsi, dans la nutrition ayurvédique, l’acte de manger est plus qu’un simple moyen d’assouvir la faim. C’est un rituel sacré qui consiste à nourrir le corps, l’esprit et l’âme avec des aliments remplis de prana.

L’impact de la disponibilité des aliments dans le monde moderne

Dans le monde contemporain, la nourriture est excessivement disponible. Ceci contraste fortement avec l’ère préhistorique où les aliments les plus savoureux et les plus désirables étaient des denrées rares et difficiles à acquérir. Selon les biologistes évolutionnistes, nos ancêtres n’ont pas évolué dans un environnement où la nourriture était si abondante et, par conséquent, nos corps et nos esprits ne sont pas naturellement équipés pour gérer ce surplus.

L’abondance de la nourriture aujourd’hui, combinée aux progrès des méthodes de production, de transformation et de préparation, a fondamentalement perturbé le plaisir et l’appréciation innés que nous tirons du simple fait de manger. Le goût et l’odorat, qui étaient autrefois les principaux facilitateurs de notre plaisir de manger, ont été détournés par cette révolution alimentaire moderne.

Il est intéressant de noter que même dans l’Inde ancienne, à une époque et un lieu très éloignés de nous, les problèmes liés à la surabondance de nourriture étaient courants. Les gens de cette époque ont reconnu que le groupe d’aliments qui causait les problèmes de santé les plus importants, y compris l’apparition de maladies chroniques, était celui-là même que nous, dans le monde occidental, considérons comme le plus nourrissant ou le plus appétissant. Cette catégorie comprend des aliments savoureux qui sont riches en graisses, en protéines et en sucres. Bien que ces types d’aliments constituent une source abondante de matières premières nécessaires à la production des tissus primaires de l’organisme, leur goût alléchant et leur facilité d’accès peuvent entraîner une surconsommation.

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